Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
447
BLANCHE.

et les autres avaient de petites guitares. Tout d’un coup chacun d’eux se mit à miauler sur différens tons, et à gratter les cordes des guitares avec leurs ongles ; c’était la plus étrange musique que l’on ait jamais entendue. Le prince se serait cru en enfer, s’il n’avait pas trouvé ce palais trop merveilleux pour donner dans une pensée si peu vraisemblable ; mais il se bouchait les oreilles, et riait de toute sa force, de voir les différentes postures et les grimaces de ces nouveaux musiciens.

Il rêvait aux différentes choses qui lui étaient déjà arrivées dans ce château, lorsqu’il vit entrer une petite figure qui n’avait pas une coudée de haut. Cette bamboche se couvrait d’un long voile d’un crêpe noir. Deux chats la menaient ; ils étaient vêtus de deuil, en manteau, et l’épée au côté ; un nombreux cortége de chats venaient après ; les uns portaient des ratières pleines de rats, et les autres des souris dans des cages.

Le prince ne sortait point d’étonnement ; il ne savait que penser. La figurine noire s’approcha ; et levant son voile, il aperçut la plus belle petite Chatte blanche qui ait jamais été et qui sera jamais. Elle avait l’air fort jeune et fort triste ; elle se mit à faire un miaulis si doux et si charmant, qu’il allait droit au cœur ; elle dit au prince : « Fils de roi, sois le bien venu, ma miaularde majesté te voit avec plaisir. Madame la Chatte, dit le prince, vous êtes bien généreuse de me recevoir avec tant d’accueil :