Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
469
BLANCHE.

dangereusement malade, sans que qui que ce soit pût apporter le moindre remède à son mal ; car les inexorables fées n’avaient pas même paru depuis qu’elle s’était établie proche de leur château. Tous ses officiers s’affligeaient extraordipairement. L’on n’entendait que des pleurs et des soupirs, pendant que la reine mourante demandait des fruits à ceux qui la servaient ; mais elle n’en voulait point d’autres que de ceux qu’on lui refusait.

» Une nuit qu’elle s’était un peu assoupie, elle vit en se réveillant, une petite vieille, laide et décrépite, assise dans un fauteuil au chevet de son lit. Elle était surprise que ses femmes eussent laissé approcher si près d’elle une inconnue, lorsqu’elle lui dit : Nous trouvons ta majesté bien importune, de vouloir avec tant d’opiniâtreté manger de nos fruits ; mais puisqu’il y va de ta précieuse vie, mes sœurs et moi consentons à t’en donner tant que tu pourras en emporter, et tant que tu resteras ici, pourvu que tu nous fasses un don. — Ha, ma bonne mère, s’écria la reine, parlez, je vous donne mes royaumes, mon cœur, mon âme, pourvu que j’aie des fruits, je ne saurais les acheter trop cher. — Nous voulons, dit-elle, que la majesté nous donne la fille que tu portes dans ton sein, dès qu’elle sera née, nous la viendrons querir ; elle sera nourrie parmi nous, il n’y a point de vertus, de beautés, de sciences, dont nous ne la douions : en un mot, ce sera notre enfant, nous la rendrons heureuse ; mais observe que ta majesté ne la reverra