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LA CHATTE

plus qu’elle ne soit mariée. Si la proposition t’agrée, Je vais tout-à-l’heure te guérir, et te mener dans nos vergers ; malgré la nuit, tu verras assez clair pour choisir ce que tu voudras. Si ce que je te dis ne te plaît pas, bonsoir, madame la reine, je vais dormir. — Quelque dure que soit la loi que vous m’imposez, répondit la reine, je l’accepte plutôt que de mourir, car il est certain que je n’ai pas un jour à vivre, ainsi je perdrais mon enfant en me perdant. Guérissez-moi, savante fée, continua-t-elle, et ne me laissez pas un moment sans jouir du privilége que vous venez de m’accorder.

» La fée la toucha avec une petite baguette d’or, en disant : Que ta majesté soit quitte de tous les maux qui la retiennent dans ce lit. Il lui sembla aussitôt qu’on lui ôtait une robe fort pesante et fort dure, dont elle se sentait comme accablée, et qu’il y avait des endroits où elle tenait davantage. C’était apparemment ceux où le mal était le plus grand. Elle fit appeler toutes ses dames, et leur dit avec un visage gai, qu’elle se portait à merveille, qu’elle allait se lever et qu’enfin ces portes si bien verrouillées et si bien barricadées du palais du féerie lui seraient ouvertes pour manger de beaux fruits, et pour en emporter tant qu’il lui plairait.

» Il n’y eut aucune de ses dames qui ne crût la reine en délire, et que dans ce moment elle rêvait à ces fruits qu’elle avait tant souhaités ; de sorte qu’au lieu de lui répondre, elles se prirent à pleurer, et firent éveiller tous les méde-