BELLE-BELLE
ou
LE CHEVALIER FORTUNÉ.
l était une fois un roi fort aimable, fort doux
et fort puissant ; mais l’empereur Matapa, son
voisin, était encore plus puissant que lui. Ils
avaient eu de grandes guerres l’un contre l’autre ;
dans la dernière, l’empereur gagna une bataille
considérable, et après avoir tué ou fait prisonniers
la plupart des capitaines et des soldats
du roi, il vint assiéger sa ville capitale et la
prit ; de sorte qu’il se rendit maître de tous
les trésors qui étaient dedans. Le roi eut à peine
le loisir de se sauver avec la reine douairière sa
sœur. Cette princesse était demeurée veuve fort
jeune ; elle avait de l’esprit et de la beauté ; il
est vrai qu’elle était fière, violente, et d’un assez
difficile accès.
L’empereur transporta toutes les pierreries et les meubles du roi dans son palais : il emmena un nombre extraordinaire de soldats, de filles, de chevaux, et de toutes les autres choses qui pouvaient lui être utiles ou agréables : quand il eut dépeuplé la plus grande partie du royaume, il revint triomphant dans le sien, où il fut