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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/54

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LA BELLE

bien fait, si aimable, et il faisait toutes choses avec tant de grâce, que lorsqu’il se présenta à la porte du palais, tous les gardes lui firent une grande révérence ; et l’on courut dire à la Belle aux Cheveux d’Or, qu’Avenant, ambassadeur du roi son plus proche voisin, demandait à la voir.

Sur ce nom d’Avenant, la princesse ve put s’empêcher de dire : « Je gagerais que cet ambassadeur est joli homme, et qu’il plaît à tout le monde. — Vraiment oui, madame, lui dirent toutes ses filles d’honneur, nous l’avons aperçu de votre grand salon ; et tant qu’il a demeuré sous les fenêtres, nous n’avons pu rien faire. — Voilà qui est beau, répliqua la Belle aux Cheveux d’Or, de vous amuser à regarder les garçons. Vite, donnez-moi ma grande robe de satin bleu brodée, éparpillez bien mes blonds cheveux, et faites-moi des guirlandes de fleurs nouvelles, car je veux qu’il dise partout que je suis vraiment la Belle aux Cheveux d’Or. »

Voilà toutes ses femmes qui s’empressaient de la parer ; elles se hâtaient tellement, qu’elles s’entre-cognaient et n’avançaient guère. Enfin, la princesse passa dans sa galerie aux grands miroirs, pour voir si rien ne lui manquait ; et puis elle monta sur son trône d’or, d’ivoire et d’ébène, qui sentait comme baume, et elle commanda à ses filles de prendre des instrumens, et de chanter tout doucement pour n’étourdir personne.

L’on conduisit Avenant dans la salle d’au-