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AUX CHEVEUX D’OR.

dience ; il demeura si transporté d’admiration qu’il a dit depuis bien des fois, qu’il ne pouvait presque parler ; néanmoins il prit courage, et fit sa harangue à merveille : il pria la princesse qu’il n’eût pas le déplaisir de s’en retourner sans elle. « Gentil Avenant, lui dit elle toutes les raisons que vous venez de me conter sont fort bonnes, et je vous assure que je serais bien aise de vous favoriser plus qu’un autre ; mais il faut que vous sachiez qu’il y a un mois, je fus me promener sur la rivière avec toutes mes dames, et comme l’on me servit la collation, en ôtant mon gant je tirai de mon doigt une bague qui tomba par malheur dans la rivière : je la chérissais plus que mon royaume ; je vous laisse juger de quelle affliction cette perte fut suivie : j’ai fait serment de n’écouter jamais aucunes propositions de mariage, que l’ambassadeur qui me proposera un époux ne me rapporte ma bague. Voyez à présent ce que vous avez à faire là-dessus ; car quand vous me parleriez quinze jours et quinze nuits, vous ne me persuaderiez pas de changer de sentiment. »

Avenant demeura bien étonné de cette réponse ; il lui fit une profonde révérence, et la pria de recevoir le petit chien, le panier et l’écharpe ; mais elle lui répliqua qu’elle ne voulait point de présens, et qu’il songeât à ce qu’elle venait de lui dire. Quand il fut retourné chez lui, il se coucha sans souper ; et son petit chien, qui s’appelait