Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que de larcins qu’il faisait dans ses courses, elle n’avait point encore oublié l’usage du monde : ils avaient la dernière joie de n’être plus en obligation de s’exposer à tous les périls attachés au métier de corsaire ; ils devenaient assez riches sans cela : de trois jours cri trois jours il tombait, comme je l’ai déjà dit, des cheveux de la princesse et de ses frères, des pierreries considérables, que Corsine allait vendre à la ville la plus proche, et elle en rapportait mille gentillesses pour ses quatre marmots.

Quand ils furent sortis de la première enfance, le corsaire s’appliqua sérieusement à cultiver le beau naturel dont le Ciel les avait doués. Et comme il ne doutait point qu’il n’y eût de grands mystères cachés dans leur naissance et dans la rencontre qu’il en avait faite, il voulut reconnaître par leur éducation ce présent des dieux ; de sorte qu’après avoir rendu sa maison plus logeable, il attira chez lui des personnes de mérite, qui leur apprirent diverses sciences, avec une facilité qui surprenait tous ces grands maîtres.

Le corsaire et sa femme n’avaient jamais dit l’aventure des quatre enfants, ils passaient pour être les leurs, quoiqu’ils marquassent par toutes leurs actions qu’ils sortaient d’un sang plus illustre. Ils étaient très unis entre eux. Il s’y trouvait du naturel et de la politesse, mais le prince Chéri avait pour la princesse Belle Étoile des sentiments plus empressés et plus vifs que les deux autres : dès qu’elle souhaitait quelque chose, il tentait jusqu’à l’impossible pour la satisfaire ;