Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/608

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la vie ; et pour la garantir de pareil accident, elle la laissa aller : « Pars, lui dit-elle, petit oiseau de Vénus, et si j’ai quelque jour besoin de toi, n’oublie pas le bien que je te fais. »

La tourterelle s’envola : le sacrifice étant fini, ils commencèrent un concert si charmant, qu’il semblait que toute la nature gardait un profond silence pour les écouter : les flots de la mer ne s’élevaient point, le vent ne soufflait pas, Zéphyr seul agitait les cheveux de la princesse et mettait son voile un peu en désordre. Dans ce moment il sortit de l’eau une sirène, qui chantait si bien, que la princesse et ses frères l’admirèrent. Après avoir dit quelques airs, elle se tourna vers eux, et leur cria : « Cessez de vous inquiéter ; laissez aller votre vaisseau : descendez où il s’arrêtera ; et que ceux qui s’aiment, continuent de s’aimer. »

Belle Etoile et Chéri ressentirent une joie extraordinaire de ce que la sirène venait de dire, ils ne doutèrent point que ce ne fût pour eux ; et se faisant un signe d’intelligence, leurs cœurs se parlèrent sans que Petit Soleil et Heureux s’en aperçussent. Le navire voguait au gré des vents et de l’onde : leur navigation n’eut rien d’extraordinaire ; le temps était toujours beau, et la mer toujours calme, ils ne laissèrent pas de rester trois mois entiers dans leur voyage, pendant lesquels l’amoureux prince Chéri s’entretenait souvent avec la princesse. « Que j’ai de flatteuses espérances, lui dit-il un jour, charmante Étoile, je ne suis point votre frère, ce cœur qui reconnaît