Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/607

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qui étaient dans leur berceau : elle alla les quérir dans son cabinet, où elle les avait soigneusement gardées, et elle les attacha toutes sur l’habit de Belle Étoile qu’elle embrassait sans cesse, lui mouillant le visage de ses larmes.

Jamais séparation n’a été si triste : le corsaire et sa femme en pensèrent mourir ; leur douleur ne provenait point d’une source intéressée, car ils avaient amassé tant de trésors qu’ils n’en souhaitaient plus. Petit Soleil, Heureux, Chéri et Belle Étoile montèrent dans le vaisseau ; le corsaire l’avait fait faire très bon et très magnifique : les mâts étaient d’ébène et de cèdre ; les cordages de soie verte mêlée d’or ; les voiles de drap d’or et vert, et les peintures excellentes. Quand il commença à voguer, Cléopâtre avec son Antoine et même toute la chiourme de Vénus aurait baissé le pavillon devant lui. La princesse était assise sous un riche pavillon vers la poupe, ses deux frères et son cousin se tenaient près d’elle plus brillants que les astres, et leurs étoiles jetaient de longs rayons de lumière qui éblouissaient. Ils résolurent d’aller au même endroit où le corsaire les avait trouvés : et en effet, ils s’y rendirent. Ils se préparèrent à faire là un grand sacrifice aux dieux et aux fées pour obtenir leur protection, et qu’ils fussent conduits dans le lieu de leur naissance. On prit une tourterelle pour l’immoler ; la princesse pitoyable la trouva si belle, qu’elle lui sauva