Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/612

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père de trois chiens, voilà d’illustres successeurs, et ma couronne est bien affermie. »

La reine mère écoutait ces paroles avec une inquiétude mortelle. Les étoiles brillantes, et l’âge à peu près de ces étrangers, avaient tant de rapport à celui des princes et de leur saur, qu’elle eut de grands soupçons d’avoir été trompée par Feintise ; et qu’au lieu de tuer les enfants du roi elle les eût sauvés. Comme elle se possédait beaucoup, elle ne témoigna rien de ce qui se passait dans son âme : elle ne voulut pas même envoyer ce jour-là s’informer de bien des choses qu’elle avait envie de savoir. Mais le lendemain elle commanda à son secrétaire d’y aller, et que sous prétexte de donner des ordres dans la maison pour leur commodité, il examinât tout, et s’ils avaient des étoiles sur le front.

Le secrétaire partit assez matin : il arriva comme la princesse se mettait à sa toilette : en ce temps-là l’on n’achetait point son teint chez les marchands : qui était blanche restait blanche ; qui était noire ne devenait point blanche, de sorte qu’il la vit décoiffée ; on la peignait ; ses cheveux blonds plus fins que des filets d’or descendaient par boucles jusqu’à terre ; il y avait plusieurs corbeilles autour d’elle, afin que les pierreries qui tombaient de ses cheveux ne fussent pas perdues ; son étoile sur le front jetait des feux qu’on avait peine à soutenir, et la chaîne d’or de son cou n’était pas moins extraordinaire que les précieux diamants qui roulaient du haut de sa tête. Le secrétaire avait bien de la peine à croire ce qu’il