Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/613

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voyait ; mais la princesse ayant choisi la plus grosse perle, elle le pria de la garder pour se souvenir d’elle : c’est la même que les rois d’Espagne estiment tant sous le nom de Pérégrina, ce qui veut dire « Pèlerine », parce qu’elle vient d’une voyageuse.

Le secrétaire confus d’une si grande libéralité prit congé d’elle et salua les trois princes, avec lesquels il demeura longtemps pour être informé d’une partie de ce qu’il désirait savoir. Il retourna en rendre compte à la reine mère, qui se confirma dans les soupçons qu’elle avait déjà. Il lui dit que Chéri n’avait point d’étoile, mais qu’il tombait des pierreries de ses cheveux comme de ceux de ses frères, et qu’à son gré, c’était le mieux fait ; qu’ils venaient de fort loin ; que leur père et leur mère ne leur avaient donné qu’un certain temps, afin de voir les pays étrangers. Cet article déroutait un peu la reine, et elle se figurait quelquefois que ce n’étaient point les enfants du roi.

Elle flottait ainsi entre la crainte et l’espérance, quand le roi qui aimait fort la chasse alla du côté de leur maison. Le Grand Ecuyer qui l’accompagnait lui dit en passant, que c’était là qu’il avait logé Belle Étoile et ses frères par son ordre. « La reine m’a conseillé, repartit le roi, de ne les pas voir, elle appréhende qu’ils ne viennent de quelque pays infecté de la peste, et qu’ils n’en apportent le mauvais air.

— Cette jeune étrangère, repartit le Premier Écuyer, est en effet très dangereuse : mais, Sire, je craindrais plus