Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/628

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Elle soupira longtemps, puis elle se prit à pleurer. Petit Soleil revenait de la chasse, il entendit du bruit dans le temple : il y entra, et vit la princesse qui se couvrait le visage de son voile, parce qu’elle était honteuse d’avoir les yeux tout humides ; il avait déjà remarqué ses larmes, et s’approchant d’elle, il la conjura instamment de lui dire pourquoi elle pleurait : elle s’en défendit, répliquant qu’elle en avait honte elle-même ; mais plus elle lui refusait son secret, plus il avait envie de le savoir.

Enfin elle lui dit que la même vieille qui lui avait conseillé d’envoyer à la conquête de l’Eau qui danse, venait de lui dire que la Pomme qui chante était encore plus merveilleuse, parce qu’elle donnait tant d’esprit qu’on devenait une espèce de prodige, qu’à la vérité elle aurait donné la moitié de sa vie pour une telle Pomme, mais qu’elle craignait qu’il n’y eût trop de danger à l’aller chercher. « Vous n’aurez pas peur pour moi, je vous en assure, lui dit son frère en souriant, car je ne me trouve aucune envie de vous rendre ce bon office. Eh quoi ! n’avez-vous donc pas assez d’esprit ? Venez, venez, ma sueur, continua-t-il, et cessez de vous affliger. »

Belle Étoile le suivit, aussi triste de la manière dont il avait reçu sa confidence, que de l’impossibilité qu’elle trouvait à posséder la Pomme qui chante. L’on servit le souper ; ils se mirent tous quatre à table ; elle ne pouvait manger ; Chéri, l’aimable Chéri, qui n’avait d’attention que pour elle, lui servit ce qui était de meilleur,