Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/630

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s’en étaient excusés d’abord sur ce qu’ils faisaient travailler à leur équipage : ils s’en excusèrent sur l’absence de leur frère, et l’assurèrent qu’à son retour ils profiteraient soigneusement de la permission qu’il leur donnait, de lui rendre leurs très humbles respects.

Le prince Chéri était trop pressé de sa passion pour manquer à taire beaucoup de diligence, il trouva à la pointe du jour un jeune homme bien fait, qui se reposant sous des arbres lisait dans un livre, il l’aborda d’un air civil et lui dit : « Trouvez bon que je vous interrompe, pour vous demander si vous ne savez point en quel lieu est la Pomme qui chante. » Le jeune homme haussa les yeux, et souriant gracieusement : « En voulez-vous faire la conquête ? lui dit-il.

— Oui, s’il m’est possible, repartit le prince.

— Ha ! seigneur, ajouta l’étranger, vous n’en savez donc pas tous les périls, voilà un livre qui en parle, sa lecture effraie.

— N’importe, dit Chéri, le danger ne sera point capable de me rebuter, enseignez-moi seulement où je pourrai la trouver.

— Le livre marque, continua cet homme, qu’elle est dans un vaste désert en Libye, qu’on l’entend chanter de huit lieues, et que le dragon qui la garde a déjà dévoré cinq cent mille personnes qui ont eu la témérité d’y aller.

— Je serai le cinq cent mille et unième  », répondit le prince en souriant à son tour, et le saluant, il prit son chemin du côté des déserts de Libye : son beau cheval, qui était de race zéphyrienne, car Zéphyr était son aïeul, allait aussi