Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/631

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vite que le vent, de sorte qu’il fit une diligence incroyable.

Il avait beau écouter, il n’entendait d’aucun côté chanter la Pomme : il s’affligeait de la longueur du chemin et de l’inutilité du voyage, lorsqu’il aperçut une pauvre tourterelle qui tombait à ses pieds : elle n’était pas encore morte, mais il ne s’en fallait guère. Comme il ne voyait personne qui pût l’avoir blessée, il crut qu’elle était peut-être à Vénus, et que s’étant échappée de son colombier, ce petit mutin d’Amour, pour essayer ses flèches l’avait tirée. Quoi qu’il en soit, il en eut pitié ; il descendit de cheval ; il la prit ; il essuya ses plumes blanches, déjà teintes de sana vermeil, et tirant de sa poche un flacon d’or où il portait un baume admirable pour les blessures, il en eut à peine mis sur celle de la tourterelle malade qu’elle ouvrit les veux, leva la tête, déploya les ailes, s’éplucha, et puis regardant le prince : « Bonjour beau Chéri, lui dit-elle, vous êtes destiné à me sauver la vie, et je le suis peut-être à vous rendre de grands services.

Vous venez pour conquérir la Pomme qui chante, l’entreprise est difficile et digne de vous, car elle est gardée par un dragon affreux, qui a douze pieds, trois têtes, six ailes, et tout le corps de bronze. – Ha ! ma chère Tourterelle, lui dit le prince, quelle joie pour moi de te revoir, et dans un temps où ton secours m’est si nécessaire ! Ne me le refuse pas, ma belle petite, car je mourrais de douleur, si j’avais la honte de retourner sans la Pomme qui chante : et puisque j’ai eu l’Eau qui danse par ton moyen, j’espère