Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/632

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que tu en trouveras encore quelqu’un pour me faire réussir dans mon entreprise.

— Vous me touchez, repartit tendrement la Tourterelle, suivez-moi, je vais voler devant vous, et j’espère que tout ira bien. »

Le prince la laissa aller : après avoir marché tout le jour, ils arrivèrent proche d’une haute montagne de sable : « Il faut creuser ici  », lui dit la Tourterelle. Le prince aussitôt sans se rebuter de rien se mit à creuser, tantôt avec ses mains, tantôt avec son épée. Au bout de quelques heures il trouva un casque, une cuirasse et le reste de l’armure, avec l’équipage pour son cheval, entièrement de miroirs. « Armez-vous, dit la Tourterelle, et ne craignez point le dragon, quand il se verra dans tous ces miroirs, il aura tant de peur, croyant que ce sont des monstres comme lui, qu’il s’enfuira.  »

Chéri approuva beaucoup cet expédient : il s’arma des miroirs, et reprenant la Tourterelle, ils allèrent ensemble toute la nuit : au point du jour, ils entendirent une mélodie ravissante. Le prince pria la Tourterelle de lui dire ce que c’était. « Je suis persuadée, dit-elle, qu’il n’y a que la Pomme qui puisse être si agréable, car elle fait seule toutes les parties de la musique, et sans toucher aucun instrument, il semble qu’elle en joue d’une manière ravissante. » Ils s’approchaient toujours ; le prince pensait en lui-même qu’il voudrait bien que la Pomme chantât quelque chose qui convînt à la situation où il était : en même temps il entendit ces paroles :