Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/639

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gouttes de la rosée qui paraît le matin sur les lis et sur les roses.

Chéri qui avait toujours plus d’impatience de la voir que les autres, s’était hâté après la chasse de revenir ; il était à pied : son arc pendait négligemment à son côté ; sa main était armée de quelques flèches ; ses cheveux rattachés ensemble ; il avait en cet état un air martial qui plaisait infiniment. Dès que la princesse l’aperçut, elle entra dans une allée sombre, afin qu’il ne vît pas les caractères de douleur qui étaient sur son visage : mais une maîtresse ne s’éloigne pas si vite, qu’un amant bien empressé ne la joigne. Le prince l’aborda ; il eut à peine jeté les yeux sur elle qu’il connut qu’elle avait quelque peine : il s’en inquiète ; il la prie, il la presse de lui en apprendre le sujet, elle s’en défend avec opiniâtreté. Enfin il tourne la pointe d’une de ses flèches contre son cœur : « Vous ne m’aimez point, Belle Étoile, lui dit-il, je n’ai plus qu’à mourir. » La manière dont il lui parlait la jeta dans la dernière alarme, elle n’eut plus la force de lui refuser son secret ; mais elle ne lui dit qu’à condition qu’il ne chercherait de sa vie les moyens de satisfaire le désir qu’elle avait ; il lui promit tout ce qu’elle exigeait, et ne