Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/656

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ses mains ; il leur tendait les bras : il les serrait contre son cour : l’on n’entendait que des soupirs, des « hélas  », des cris de joie. Le roi se leva, et voyant la reine sa femme qui demeurait toujours craintive proche de la muraille d’Un air humilié, il alla à elle, et lui faisant mille caresses, il lui présenta lui-même un fauteuil auprès du sien, et l’obligea de s’y asseoir.

Ses enfants lui baisèrent mille fois les pieds et les mains ; jamais spectacle n’a été plus tendre ni plus touchant ; chacun pleurait en son particulier, et levait les mains et les yeux au Ciel pour lui rendre grâce d’avoir permis que des choses si importantes et si obscures fussent connues. Le roi remercia la princesse qu’il avait eu dessein d’épouser, il lui laissa une grande quantité de pierreries. Mais à l’égard de la reine mère, de l’amirale et de Feintise, que n’aurait-il pas fait contre elles, s’il n’avait écouté que son ressentiment ? Le tonnerre de sa colère commençait à gronder lorsque la généreuse reine, ses enfants et Chéri le conjurèrent de s’apaiser, et de vouloir rendre contre elles un jugement plus exemplaire que rigoureux : il fit enfermer la reine mère dans une tour, mais pour l’amirale et Feintise, on les jeta ensemble dans le fond d’un cachot noir et humide, où elles ne mangeaient qu’avec les trois doguins Chagrin, Mouron et Douleur, lesquels ne voyant plus leur bonne