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L’OISEAU

sait les passans : ils l’entendaient et ne voyaient personne ; de là on pensait que c’étaient des esprits. Cette opinion devint si commune, que l’on n’osait entrer dans le bois : on rapportait mille aventures fabuleuses qui s’y étaient passées ; et la terreur générale fit la sûreté particulière de l’Oiseau Bleu.

Il ne se passait aucun jour sans qu’il fît un présent à Florine ; tantôt un collier de perles ou des bagues des plus brillantes et des mieux mises en œuvre, des attaches de diamans, des poinçons, des bouquets de pierreries qui imitaient la couleur des fleurs, des livres agréables, des médailles ; enfin, elle avait un amas de richesses merveilleuses, elle ne s’en parait jamais que la nuit pour plaire au roi, et le jour, n’ayant point d’endroit où les mettre elle les cachait soigneusement dans sa paillasse.

Deux années s’écoulèrent ainsi sans que Florine se plaignît une seule fois de sa captivité. Et comment s’en serait-elle plaint ? elle avait la satisfaction de parler toute la nuit à ce qu’elle aimait : il ne s’est jamais dit tant de jolies choses. Bien qu’elle ne vît personne, et que l’Oiseau passât le jour dans le creux d’un arbre, ils avaient mille nouveautés à se raconter ; la matière était inépuisable ; leur cœur et leur esprit fournissaient abondamment des sujets de conversation.

Cependant la malicieuse reine, qui la retenait si cruellement en prison, faisait d’inutiles