Aller au contenu

Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
L’OISEAU

Pour nous aimer trop constamment !
Mais c’est en vain qu’on nous accable ;
Malgré nos cruels ennemis,
Nos cœurs seront toujours unis.


Quelques soupirs finirent leur petit concert.

« Ah ! ma Truitonne, nous sommes trahies s’écria la reine en ouvrant brusquement la porte, et se jetant dans la chambre. » Que devint Florine à cette vue ? Elle poussa promptement sa petite fenêtre, pour donner le temps à l’Oiseau royal de s’envoler. Elle était bien plus occupée de sa conservation que de la sienne propre ; mais il ne se sentit pas la force de s’éloigner : ses yeux perçans lui avaient découvert le péril où sa princesse était exposée. Il avait vu la reine et Truitonne : quelle affliction de n’être pas en état de défendre sa maîtresse ! Elles s’approchèrent d’elle comme des furies qui voulaient la dévorer. « L’on sait vos intrigues contre l’état, s’écria la reine ; ne pensez pas que votre rang vous sauve des châtimens que vous méritez. — Et avec qui madame, répliqua la princesse ? N’êtes-vous pas ma geôlière depuis deux ans ? Ai je vu d’autres personnes que celles que vous m’avez envoyées ? » Pendant qu’elle parlait, la reine et sa fille l’examinaient avec une surprise sans pareille : son admirable beauté et son extraordinaire parure les éblouissaient. « Et d’où vous vient, dame, dit la reine, ces pierreries qui brillent plus que le soleil ? Nous ferez-vous accroire qu’il y en a des mines dans cette tour ? Je les