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FINETTE CENDRON.

Finette revint sans s’apercevoir de la malice de ses sœurs, car elle ne s’avisait pas de se parer dans un désert ; elle ne songeait qu’au chêne qui devenait le plus beau de tous les chênes.

Une fois qu’elle y monta et que ses sœurs, selon leur coutume, lui demandèrent si elle ne découvrait rien, elle s’écria : « Je découvre une grande maison, si belle, si belle que je ne saurais assez le dire ; les murs en sont d’émeraudes et de rubis, le toit de diamants : elle est toute couverte de sonnettes d’or, les girouettes vont et viennent comme le vent. — Tu mens, disaient-elles, cela n’est pas si beau que tu le dis. — Croyez-moi, répondit Finette, je ne suis pas menteuse ; venez-y plutôt voir vous-mêmes, j’en ai les yeux tout éblouis. Fleur-d’Amour monta sur l’arbre : quand elle eut vu le château, elle ne s’en pouvait taire. Belle-de-Nuit, qui était fort curieuse, ne manqua pas de monter à son tour, elle demeura aussi ravie que ses sœurs. Certainement, dirent-elles, il faut aller à ce palais, peut-être que nous y trouverons de beaux princes qui seront trop heureux de nous épouser. Tant que la soirée fut longue, elles ne parlèrent que de leur dessein, elles se couchèrent sur l’herbe ; mais lorsque Finette leur parut fort endormie, Fleur-d’Amour dit à Belle-de-Nuit : Savez-vous ce qu’il faut faire, ma sœur ? levons-nous et nous habillons des riches habits que Finette a apportés. — Vous avez raison, » dit Belle-de-Nuit. Elles se levèrent donc, se frisèrent, se poudrèrent, puis elles mirent des mouches, et les belles robes d’or et d’argent toutes couvertes de diamants ; il n’a jamais été rien de si magnifique.

Finette ignorait le vol que ses méchantes sœurs lui