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FINETTE CENDRON.

Le lendemain encore elles retournaient et revenaient conter des merveilles. Un soir que Finette était assise proche du feu sur un monceau de cendres, ne sachant que faire, elle cherchait dans les fentes de la cheminée ; et, cherchant ainsi, elle trouva une petite clé si vieille et si crasseuse, qu’elle eut toutes les peines du monde à la nettoyer. Quand elle fut claire, elle connut qu’elle était d’or, et pensa qu’une clé d’or devait ouvrir un beau petit coffre ; elle se mit aussitôt à courir par toute la maison, essayant la clé aux serrures ; et enfin elle trouva une cassette qui était un chef-d’œuvre. Elle l’ouvrit : il y avait dedans des habits, des diamants, des dentelles, du linge, des rubans pour des sommes immenses : elle ne dit mot de sa bonne fortune, mais elle attendit impatiemment que ses sœurs sortissent le lendemain. Dès qu’elle ne les vit plus, elle se para, de sorte qu’elle était plus belle que le soleil et la lune.

Ainsi ajustée, elle fut au même bal où ses sœurs dansaient, et, quoiqu’elle n’eût point de masque, elle était si changée en mieux, qu’elles ne la reconnurent pas. Dès qu’elle parut dans l’assemblée, il s’éleva un murmure de voix, les unes d’admiration et les autres de jalousie. On la prit pour danser ; elle surpassa toutes les dames à la danse, comme elle les surpassait en beauté. La maîtresse du logis vint à elle, et lui ayant fait une profonde révérence, elle la pria de lui dire comment elle s’appelait, afin de ne jamais oublier le nom d’une personne si merveilleuse ; elle lui répondit civilement qu’on la nommait Cendron. Jamais petit nom ne fit tant de bruit en si peu de temps, les échos