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LA PRINCESSE ROSETTE.

vie de désespéré. La méchante nourrice et le batelier l’entendaient de bien loin, et disaient : Voilà ce petit drôle de chien qui boit avec sa maîtresse à notre santé. Dépêchons-nous d’arriver ! Car ils étaient tout près de la ville du roi des paons.

Il avait envoyé au bord de la mer cent carrosses tirés par toutes sortes de bêtes rares : il y avait des lions, des ours, des cerfs, des loups, des chevaux, des bœufs, des ânes, des aigles, des paons. Le carrosse où la princesse Rosette devait prendre place était traîné par six singes bleus, qui sautaient, qui dansaient sur la corde, qui faisaient mille tours agréables : ils avaient de beaux harnais de velours cramoisi, avec des plaques d’or. On voyait soixante jeunes demoiselles que le roi avait choisies pour la divertir. Elles étaient habillées de toutes sortes de couleurs, et l’or et l’argent étaient la moindre chose.

La nourrice avait pris grand soin de parer sa fille ; elle lui mit les diamants de Rosette à la tête et partout, ainsi que sa plus