et d’argent, et son matelas de satin. Il la pria de lui conter son histoire, et qu’il n’en dirait mot si elle voulait. Elle lui apprit tout d’un bout à l’autre, pleurant bien fort ; car elle croyait toujours que c’était le roi des paons qui l’avait fait noyer. Comment ferons-nous, ma fille ? lui dit le vieillard. Vous êtes une si grande princesse, accoutumée à manger de bons morceaux, et moi je n’ai que du pain noir et des raves, vous allez faire méchante chère ; et si vous m’en vouliez croire, j’irais dire au roi des paons que vous êtes ici ; certainement s’il vous avait vue il vous épouserait. — Ah ! c’est un méchant, dit Rosette, il me ferait mourir ; mais si vous avez un petit panier, il faut l’attacher au cou de mon chien, et il y aura bien du malheur s’il ne rapporte la provision.
Le vieillard donna un panier à la princesse, elle l’attacha au cou de Frétillon, et lui dit : Va-t’en au meilleur pot de la ville, et me rapporte ce qu’il y a dedans. Frétillon court à la ville ; comme il n’y avait point de meilleur pot que celui du roi, il entre dans sa cuisine, il découvre le pot, prend adroitement tout ce qui était dedans, et revient à la maison. Rosette lui dit : Retourne à l’office, et prends ce qu’il y aura de meilleur. Frétillon retourne à l’office, et prend du pain blanc, du vin muscat, toutes sortes de fruits et de confitures : il était si chargé, qu’il n’en pouvait plus.
Quand le roi des paons voulut dîner, il n’y avait rien dans son pot ni dans son office ; chacun se regardait, et le roi était dans une colère horrible. Eh bien, dit-il, je ne dînerai point ; mais que ce soir on mette la broche au feu,