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L’OISEAU BLEU.

métamorphose il cherchait inutilement des remèdes à l’un et à l’autre : après s’être creusé la tête, il ne trouvait rien qui le soulageât.

L’espionne de la princesse, qui veillait jour et nuit depuis un mois, se sentit si accablée de sommeil, qu’enfin elle s’endormit profondément. Florine s’en aperçut ; elle ouvrit sa petite fenêtre et dit :


Oiseau Bleu, couleur du temps,
Vole à moi promptement.


Ce sont là ses propres paroles, auxquelles l’on n’a voulu rien changer. L’Oiseau les entendit si bien, qu’il vint promptement sur la fenêtre. Quelle joie de se revoir ! Qu’ils avaient de choses à se dire ! Les amitiés et les protestations de fidélité se renouvelèrent mille et mille fois : la princesse n’ayant pu s’empêcher de répandre des larmes, l’Oiseau Bleu la consola de son mieux. Enfin l’heure de se quitter étant venue, sans que la geôlière se fût réveillée, ils se dirent l’adieu le plus touchant. Le lendemain encore l’espionne s’endormit ; la princesse diligemment se mit à la fenêtre, puis elle dit comme la première fois :


Oiseau Bleu, couleur du temps,
Vole à moi promptement.


Aussitôt l’Oiseau vint, et la nuit se passa comme l’autre, sans bruit et sans éclat : ils se flattaient que la surveillante prendrait tant de plaisir à dormir, qu’elle en ferait autant toutes les nuits. Effectivement la troisième se passa encore très heureusement ; mais pour celle qui suivit, la dormeuse