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LA CHATTE BLANCHE.

fort grosse cour. Je ne doutal point que ce ne fût le fils de quelque roi voisin. Comme je craignais que s’il revenait à la tour il ne fût découvert par le terrible dragon, je vins prendre mon perroquet, et lui dis de voler jusqu’à cette montagne, qu’il y trouverait celui qui m’avait parlé, et qu’il le priât de ma part de ne plus revenir, parce que j’appréhendais la vigilance de mes gardiennes, et qu’elles ne lui fissent un mauvais tour.

Perroquet s’acquitta de sa commission en perroquet. d’esprit. Chacun demeura surpris de le voir venir à tire d’ailes se percher sur l’épaule du prince, et lui parler tout bas à l’oreille. Le prince ressentit de la joie et de la peine de cette ambassade. Il fit cent questions à Perroquet, et Perroquet lui en fit cent à son tour, car il était naturellement curieux. Le roi le chargea d’une bague pour moi, à la place de ma turquoise ; elle était taillée en cœur avec des diamants. Il est juste, ajouta-t-il, que je vous traité en ambassadeur : voilà mon portrait que je vous donne, ne le montrez qu’à votre charmante maîtresse. Il lui attacha sous son aile son portrait, et il apporta la bague dans son bec.

J’attendais le retour de mon petit courrier vert avec une grande impatience. Il me dit que celui à qui je l’avais envoyé était un grand roi, qu’il l’avait reçu le mieux du monde, et que je pouvais m’assurer qu’il ne voulait plus vivre que pour moi ; qu’encore qu’il y eût beaucoup de péril à venir au bas de ma tour, il était résolu à tout, plutôt que de renoncer à me voir. Ces nouvelles m’intriguèrent fort, je me pris à pleurer. Les fées qui vinrent