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LA CHATTE BLANCHE.

me voir s’en aperçurent. Elles se dirent l’une à l’autre que sans doute je m’ennuyais, et qu’il fallait songer à me trouver un époux de race fée. Elles parlèrent de plusieurs, et s’arrêtèrent sur le petit roi Migonnet, dont le royaume était à cinq cent mille lieues de leur palais ; mais ce n’était pas là une affaire. Perroquet entendit ce beau conseil ; il vint m’en rendre compte, et me dit : Ah ! que je vous plains, ma chère maîtresse, si vous devenez la reine Migonnette ! c’est un magot qui fait peur. — Est-ce que tu l’as vu, perroquet ? Je le crois vraiment, continua-t-il, j’ai été élevé sur une branche avec lui. — Comment, sur une branche ? repris-je. — Oui, dit-il, c’est qu’il a les pieds d’un aigle.

Un tel récit m’affligea étrangement, et je ne dormis point tant que la nuit dura. Perroquet et Toutou causèrent avec moi, je m’endormis un peu sur le matin ; mais je m’éveillai bientôt et je courus à ma fenêtre, je vis le roi qui me tendait les bras, et qui me dit avec sa trompette, qu’il ne pouvait plus vivre sans moi, qu’il me conjurait de trouver les moyens de sortir de ma tour, ou de l’y faire entrer. ; qu’il attestait tous les dieux et tous les éléments, qu’il m’épouserait aussitôt, et que je serais une des plus grandes reines de l’univers.

Je commandai à Perroquet de lui aller dire que ce qu’il souhaitait me semblait presque impossible ; que cependant sur la parole qu’il me donnait et les serments qu’il avait faits, j’allais m’appliquer à ce qu’il désirait.

Il se retira comblé de joie, par l’espérance dont je le flattais ; et je me trouvai dans le plus grand embarras du