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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

enfonçait jusqu’à la garde, et qui lui faisaient mille blessures, par où il perdit tant de sang qu’il tomba. Aussitôt Avenant lui coupa la tête, bien ravi d’avoir été si heureux et le corbeau qui s’était perché sur un arbre, lui dit : Je n’ai pas oublié le service que vous, me rendîtes en tuant l’aigle qui me poursuivait ; je vous promis de m’en acquitter, je crois l’avoir fait aujourd’hui. — C’est moi qui vous doit tout, monsieur du Corbeau, répliqua Avenant, je demeure votre serviteur. Il monta aussitôt à cheval, chargé de l’épouvantable tête de Galifron.

Quand il arriva dans la ville, tout le monde le suivait et criait : Voici le brave Avenant, qui vient de tuer le monstre ; de sorte que la princesse qui entendit bien du bruit, et qui tremblait qu’on lui vînt apprendre la mort d’Avenant, n’osait demander ce qui lui était arrivé ; mais elle vit entrer Avenant avec la tête du géant, qui ne laissa pas de lui faire encore peur, bien qu’il n’y eut plus rien à craindre. Madame, lui dit-il, votre ennemi est mort, j’espère que vous ne refuserez plus le roi mon maître. — Ah ! si fait, dit la Belle aux Cheveux d’Or, je le refuserai, si vous ne trouvez moyen, avant mon départ, de m’apporter de l’eau de la grotte ténébreuse.

Il y a proche d’ici une grotte profonde qui a bien six lieues de tour ; on trouve à l’entrée deux dragons qui empêchent qu’on y entre, ils ont du feu dans la gueule et dans les yeux ; puis lorsqu’on est dans la grotte, on trouve un grand trou dans lequel il faut descendre : il est plein de crapauds, de couleuvres et de serpents. Au fond de ce trou, il y a une petite cave ou coulé la fontaine de Beauté