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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

quand je serai mort, remplis la fiole de mon sang, et la porte à la princesse, pour qu’elle voie ce qu’elle me coûte ; et puis va trouver le roi mon maître, et lui conte mon malheur. Comme il parlait ainsi, il entendit qu’on l’appelait : Avenant, Avenant ! Il dit : — Qui m’appelle ? et il vit un hibou dans le trou d’un vieux arbre, qui lui dit : — Vous m’avez retiré du filet des chasseurs où j’étais pris, et vous me sauvâtes la vie ; je vous promis que je vous le revaudrais, en voici le temps. Donnez-moi votre fiole ; je sais tous les chemins de la grotte ténébreuse, je vais vous quérir l’eau de Beauté. Avenant lui donna vite sa fiole, et le hibou entra sans nul empêchement dans la grotte. En moins d’un quart d’heure, il revint rapporter la bouteille bien bouchée. Avenant fut ravi, il le remercia de tout son cœur ; et remontant la montagne, il prit le chemin de la ville bien joyeux.

Il alla droit au palais, il présenta la fiole à la Belle aux Cheveux d’Or, qui n’eut plus rien à dire : elle remercia Avenant, et donna ordre à tout ce qu’il lui fallait pour partir ; puis elle se mit en voyage avec lui. Elle lui disait quelquefois : Si vous aviez voulu, je vous aurais fait roi ; nous ne serions point partis de mon royaume ; mais il répondait : Je ne voudrais pas faire un si grand déplaisir à mon maître, quoique je vous trouve plus belle que le soleil.

Enfin, ils arrivèrent à la grande ville du roi, qui, sachant que la Belle aux Cheveux d’Or venait, alla au-devant d’elle, et lui fit les plus beaux présents du monde. Il l’épousa avec tant de réjouissances, que l’on ne parlait