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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

d’autre chose ; mais la Belle aux Cheveux d’Or, qui aimait Avenant dans le fond de son cœur, n’était bien aise que quand elle le voyait, et elle le louait toujours : Je ne serais point venue sans Avenant, disait-elle au roi ; il a fallu qu’il ait fait des choses impossibles pour mon service : vous lui devez être obligé ; il m’a donné de l’eau de Beauté ; je ne vieillirai jamais ; je serai toujours belle.

Les envieux qui écoutaient la reine dirent au roi : Vous n’êtes point jaloux, et vous avez sujet de l’être ; la reine aime si fort Avenant, qu’elle en perd l’appétit, elle ne fait que parler de lui. — Vraiment, dit le roi, qu’on aille le mettre dans la tour avec les fers aux pieds et aux mains. L’on prit Avenant ; et pour sa récompense d’avoir si bien servi le roi, on l’enferma dans la tour après l’avoir enchaîné. Il ne voyait personne que le geôlier, qui lui jetait un morceau de pain noir par un trou, et de l’eau dans une écuelle de terre ; pourtant son petit chien Cabriolle ne le quittait point, il le consolait, et venait lui dire toutes les nouvelles.

Quand la Belle aux Cheveux d’Or sut sa disgrâce, elle se jeta aux pieds du roi, et toute en pleurs, elle le pria de faire sortir Avenant de prison. Mais plus elle le priait, plus il se fâchait, pensant en lui-même que la reine ne le priait ainsi de faire sortir Avenant de prison, que parce qu’elle l’aimait. Donc il n’en voulut rien faire ; la reine n’en parla plus, mais elle était bien triste.

Le roi pensa qu’elle ne le trouvait peut-être pas assez beau ; il eut envie de se frotter le visage avec de l’eau de Beauté, afin que la reine l’aimât plus qu’elle ne faisait.