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LA BONNE PETITE SOURIS.

demandait que plaies et bosses ; il avait une mine renfrognée, une grande barbe, les yeux creux ; il était maigre et sec, toujours vêtu de noir, des cheveux hérissés, gras et crasseux. Pour lui plaire, il fallait tuer et assommer les passants ; il pendait lui-même les criminels ; il se réjouissait à leur faire du mal. Quand une bonne maman aimait bien sa petite fille ou son petit garçon, il l’envoyait querir, et devant elle il lui rompait les bras ou lui tordait le cou. On nommait ce royaume le pays des larmes.

Le méchant roi entendit parler de la satisfaction du roi Joyeux ; il devint jaloux du bonheur de ce prince, et rassembla une armée, afin d’aller dévaster ses États.

Lorsque tout fut prêt, il s’avança vers le pays du roi Joyeux. À ces mauvaises nouvelles il se mit promptement en défense ; la reine mourait de peur, elle lui disait en pleurant : Sire, il faut nous enfuir ; tâchons d’avoir bien de l’argent, et nous en allons tant que terre nous pourra