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LA BONNE PETITE SOURIS.

porter. » Le roi répondait : — Fi, madame, j’ai trop de courage ; il vaudrait mieux mourir que d’être un poltron. Il ramassa tous ses gens d’armes, dit un tendre adieu à la reine, monta sur un beau cheval, et partit.

Quand elle l’eut perdu de vue, elle se mit à pleurer douloureusement ; et joignant ses mains, elle disait : Hélas ! si le roi est tué à la guerre, je serai veuve et prisonnière, le méchant roi me fera dix mille maux. Cette pensée l’empêchait de manger et de dormir. Il lui écrivait tous les jours ; mais un matin qu’elle regardait par-dessus les murailles, elle vit venir un courrier qui courait de toute sa force, elle l’appela : Hô, courrier, hô, quelle nouvelle ? — Le roi est mort, s’écria-t-il, la bataille est perdue, le méchant roi arrivera dans un moment.

La pauvre reine tomba évanouie ; on la porta dans son