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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


fait prendre les armes ; si on en vient aux mains, le citoyen qui, en ces moments de discorde civile, ne se joindra pas à l’une des deux factions, qui restera à l’écart, loin des troubles qui désolent la cité, sera chassé de sa maison, de sa patrie, sera dépouillé de tous ses biens et puni de l’exil. » Après avoir lu cette loi portée par un si sage législateur, je fus d’abord saisi d’étonnement : je cherchai pour quel motif il infligeait un châtiment au citoyen qui aurait voulu rester étranger à la sédition et à la guerre civile ; mais plusieurs personnes, qui avaient examiné à fond l’utilité de cette loi et la pensée du législateur, me dirent que cette loi était très-propre à étouffer les séditions, loin de les fomenter. Il en est ainsi, en effet ; si tous les citoyens vertueux, voyant leurs efforts impuissants pour calmer la sédition et pour ramener les esprits aigris, prenaient parti pour l’une ou l’autre fraction, il arriverait que chaque parti comptant de tels hommes dans ses rangs, et subissant l’autorité de leur caractère, se laisserait commander, gouverner par eux, reviendrait peu à peu à des sentiments de concorde et d’union. Car ces citoyens vertueux chercheront à maîtriser, à calmer ceux de leur parti, à sauver leurs adversaires plutôt qu’à les perdre. Le philosophe Favorinus