sages ; les enseignements, les conseils sages et prudents qu'il
donne dans ses fables n'ont rien de l'austérité; du ton impérieux
si commun chez les philosophes ; ses apologues, au contraire,
amusent et plaisent ; il sait, par les grâces de son langage, faire
entrer les plus utiles réflexions dans les cœurs gagnés par l'attrait
du plaisir. C'est ce que nous prouve la fable du petit oiseau
et de sa couvée, récit plein de goût et d'élégance, dans lequel
il nous avertit que le succès d'une affaire dont on peut venir à
bout tout seul dépend de nous-mêmes, et que nous ne devons
jamais nous en remettre aux soins d'autrui. « Il y a, dit-il, un
petit oiseau nommé alouette, qui habite et fait son nid dans les
blés assez tôt pour qu'au temps de la moisson ses petits soient
déjà couverts de plumes. Une alouette donc avait fait son nid
dans un champ de blé qui mûrit avant le temps ordinaire ; les
blés jaunissaient déjà et les petits étaient encore sans plumes.
Un jour, en partant pour aller chercher de la pâture pour ses
petits, l'alouette leur recommande de prêter leur attention à ce
qui se passerait de nouveau ou à ce qu'on dirait pendant son absence,
pour lui en faire part à son retour. Sur ces entrefaites, le
maître du champ appelle son fils et lui dit. « Tu vois que ces blés
sont mûrs et n'attendent que la faucille ; va donc demain matin,
au point du jour, prier nos amis de venir nous aider à faire la
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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II