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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE IV


lina où l'on dirait que l'auteur n'a pas pesé ses paroles ; les voici : « Bien qu'il n'y ait pas autant de gloire à écrire les grandes actions qu'à en être l'auteur, cependant la tâche de l'historien me paraît des plus difficiles : d'abord parce qu'il faut que le récit réponde à la grandeur des actions ; ensuite parce que si vous relevez quelque faute, on ne manquera pas d'attribuer vos reproches à la malveillance, à l'envie ; enfin parce que si vous rappelez la gloire, les vertus des gens de bien, chacun n'accueille avec plaisir que ce qu'il se juge en état de faire : au delà il ne voit que fiction et mensonge. »

Salluste, dit-on, se propose de faire connaître les causes qui rendent difficile la tâche de l'historien ; mais, au lieu de commencer par là, il se borne à des plaintes. En effet, dire que le lecteur ou interprète mal la pensée de l'auteur, ou ne croit pas à la vérité des faits, ce n'est pas expliquer en quoi le travail de l'historien est difficile. C'est une preuve, tout au plus, qu'il est exposé aux injustices de la malveillance ; mais ceci n'augmente nullement la difficulté : car ce qui est difficile est ce qui offre en soi de la difficulté, indépendamment des erreurs où peut tomber l'opinion publique. Tel est le langage que tiennent des cri- tiques peu bienveillants ; mais Salluste emploie arduus pour dé-