Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

désiré que la guerre eût tourné autrement, et que Persée n'eût pas succombé. Et non-seulement, à mon avis, ce désir était celui des Rhodiens, mais encore celui de beaucoup d'autres peu- ples. Je ne dirai pas que plusieurs de ces nations auraient sou- haité, pour jouir de notre humiliation, que la fortune nous de- vînt contraire; mais toutescraignaientque,Rome n'ayant plus de rivale, et sa volonté étant la loi suprême, il ne leur Mût courber la tête sous le joug d'une puissance désormais sans limites. Ainsi, l'intérêt de leur liberté fut le mobile de leur conduite. Cependant les Rhodiens n'ont jamais secondé publiquement Persée. Songez, je vous prie, combien, dans la vie privée, chacun dç nous met plus d'ardeur encore à défendre ses intérêts. Que si quelqu'un menace notre fortune, voyez avec quelle énergie nous repous- sons toute attaque, tout péril. Les Rhodiens n'ont pourtant rien fait. »

Pour ce qui concerne la critique de l'exorde, Tiron aurait dû savoir que Caton, en défendant les Rhodiens, parlait comme un sénateur honoré jadis du consulat et de la censure, et qui dit ce qu'il juge être le plus opportun à l'État, et non pas en avocat qui défend un accusé. En effet, autres sont les principes qui diri- gent l'orateur quand il cherche tous les moyens d'exciter la