Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/339

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Quant à ces paroles de Caton^ où il avoue que les Rhodiens auraient désiré que la guerre eût une autre issue et que le roi Persée n'eût pas été vaincu par les Romains (désir partagé par bien d'autres peuples), Tiron pense que cet aveu est peu propre à justifier ou à excuser. Mais c'est là d'abord un mensonge insi- gne : Tiron cite les paroles de Caton, et leur donne ensuite une interprétation fausse. En effet, Gaton n'avoue pas que les Rho- diens ont souhaité la défaite de Rome, mais il pense que tel fut leur désir : il exprime, sans nul doute, une opinion personnelle, mais il ne fait pas l'aveu de la faute des Rhodiens; et il me semble en cela non-seulement exempt de blâme, mais bien plutôt (ligne de louange et d'admiration; car, après avoir dit avec une bonne foi religieuse ce qu'il juge de défavorable aux Rhodiens, maître de la confiance des juges par cette noble franchise, il sait bientôt tourner en faveur des accusés ce qui semblait les con- damner. N'est-ce pas dire, en effet, qu'ils sont on ne peut plus dignes de l'estime et de l'affection du peuple romain,* puisque, pouvant être utiles à Persée, et faisant des vœux pour lui, ils n'ont cependant rien fait pour le seconder?

Ensuite Tiron cite le passage suivant du même discours : « Et