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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


cet ancien sage, ayant entendu un homme se vanter de n’avoir point d’ennemis, lui dit : « — Tu n’as donc pas non plus d’amis. Il pensait que l’amitié et la haine s’appellent mutuellement et sont inséparables dans le cœur de l’homme. »


IV. Avec quelle subtilité et quelle finesse Antonius Julianus commentait un passage de M. Cicéron, où un changement de mots donne lieu à une équivoque.


Le rhéteur Antonius Julianus était doué d’un esprit délicat et aimable ; il possédait ce genre d’érudition qui est aussi intéressant qu’utile ; il connaissait les beautés des anciens ; il en avait orné sa mémoire. De plus, il se livrait à l’étude des ouvrages anciens avec tant d’ardeur, il en faisait si bien ressortir les beautés, il en critiquait si à propos les défauts, qu’on était forcé d’admettre ses décisions comme irréprochables. Voici l’opinion de ce savant sur l’enthymème qui se trouve dans le plaidoyer de M. Cicéron pour Cn. Plancius. Mais avant tout, il me paraît bon de produire le passage qui a donné lieu à la discussion : « Quelle différence, d’ailleurs ; entre devoir de l’argent et de la reconnaissance ? Dans le premier cas, l’argent rendu, il n’y a plus de dette ; et, tant qu’on doit, on retient ce qui n’est pas à soi. Mais,