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AULU-GELLE


en fait de reconnaissance, lorsque je rends, je me crois toujours redevable, et ce sentiment est de lui-même un payement. Ce que je paye ici à Plancius n’empêchera pas que je ne reste son débiteur ; et ma bonne intention aurait suffi pour m’acquitter envers lui, quand même la disgrâce qu’il subit ne serait pas venue me mettre à l’épreuve. »

Sans doute, dit Julianus, l’arrangement de ce morceau est élégant, il a du nombre, de l’harmonie ; la symétrie des expressions produit une agréable cadence ; mais il faut de l’indulgence au lecteur, pour la substitution des mots par lesquels Cicéron a voulu rendre sa pensée. Car il pouvait très bien, dans sa comparaison, employer le même mot pour exprimer la dette de la reconnaissance et celle de l’argent. La comparaison sera juste avec ces expressions : Devoir de l’argent, devoir de la reconnaissance ; on pourra se servir du même mot pour exprimer la différence qui existe entre l’une et l’autre dette acquittée ou non ; mais Cicéron, ajoute Antonius, après avoir dit qu’il y a une différence entre la dette d’argent et la dette de reconnaissance, et voulant donner la raison de cette différence, emploie le mot debet, doit, pour l’argent ; et pour la reconnaissance, il substitue le mot habet, il a, à debet : voilà ses propres expressions : Gratiam autem et qui refert, habet ; et qui habet, in eo ipso quod habet, refert.