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AULU-GELLE


différer de celui d’un rhéteur ; le rhéteur peut à son gré avoir recours à des raisonnements faux, hardis, trompeurs, captieux ; tout lui est permis pourvu que son discours ait un air de vérité, et qu’il sache, n’importe par quel artifice de parole, émouvoir ses auditeurs ; Castricius ajoutait qu’il serait honteux pour un rhéteur de laisser, même dans une mauvaise cause, quelque point qui prêterait matière aux objections. Mais Métellus, ce magistrat irréprochable, cet homme si grave et si consciencieux, aussi distingué par l’éclat de ses honneurs que par la dignité de sa vie, s’adressant au peuple romain, ne devait dire que ce qui était vrai pour lui et pour les autres ; surtout parlant sur un sujet que l’expérience de chaque jour, le commerce ordinaire de la vie rendaient familier à ses auditeurs. Il a donc franchement avoué l’existence d’un ennui connu de tous les hommes ; cet aveu lui a valu de passer pour un magistrat scrupuleux et de bonne foi ; puis, naturellement et sans peine ; il a fait admettre au peuple cette vérité parfaitement évidente, que la république ne pouvait être sauvée sans le mariage. Voici un autre passage tiré du même discours de Métellus, et qui, à mon gré, n’est pas moins digne d’être relu et médité avec une attention soutenue, que les pensées des plus illustres philosophes : « La puissance