Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
42
AULU-GELLE


soldats romains au premier choc, comme le rapportent les historiens ? Étaient-elles une infraction aux sages lois de la discipline de leurs ancêtres ? ou n’est-ce pas plutôt qu’une armée doit marcher en silence et d’un pas modéré, quand elle est encore à une assez grande distance de l’ennemi ; mais qu’au moment même d’en venir aux mains, le soldat doit se précipiter impétueusement sur l’ennemi pour le disperser, et pousser des cris pour jeter la terreur dans ses rangs ? Mais, à propos de la flûte des Lacédémoniens, je me rappelle la flûte dont les sons réglaient et modéraient la voix de C. Gracchus, lorsqu’il était à la tribune. Au reste, il n’est pas vrai, comme on le rapporte ordinairement, qu’un joueur de flûte se tint derrière lui tandis qu’il parlait, soit pour tempérer son action par ses modulations variées, soit pour lui donner plus de force et de ton. Quelle absurdité, de croire que la flûte pût marquer à Gracchus, parlant en public, la mesure, le rythme et les différentes cadences, comme elle règle les pas de l’histrion sur le théâtre !

Les auteurs qui sont les mieux instruits du fait rapportent qu’un homme, caché dans l’auditoire, tirait d’une flûte courte un son lent et grave pour l’avertir de modérer les éclats trop violents de sa voix ; car le génie naturellement emporté de