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LETTRE IV

HAMMERFEST


Me voici enfin à Hammerfest, cher frère, après bien des peines, bien des accidents, et surtout un nombre trop grand de nuits passées sans sommeil, dont les traces de fatigue se lisent sur mon visage ; mais qui connaît mon visage ?… Le lendemain de mon arrivée on m’a remis une lettre de vous : elle me cherchait depuis Christiania, et m’avait accompagnée sur le bateau à vapeur ; quoique affranchie par vous jusqu’à Paris, elle m’a coûté vingt et un francs de port ! Pour le courrier habituel, ce tarif pourrait sembler gênant ; mais dans ma situation je n’ai pas trouvé que ce fût payer trop cher de vos nouvelles à tous.

Hammerfest ! ces dix lettres ne vous font pas un effet bien extraordinaire, n’est-ce pas ? C’est un nom quelconque, un nom de dix lettres comme Châteaudun ou Carpentras ! Hammerfest ! c’est pourtant la ville unique dans son genre, la ville exceptionnelle entre toutes ; c’est la ville la plus septentrionale qui existe ; c’est le dernier groupe d’habitations de l’Europe.

Je suis à Hammerfest depuis quinze jours, et tout à l’heure je vous dirai en détail quelle vie j’ai menée dans cet étrange coin du monde ; mais aupara-