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VOYAGE D’UNE FEMME

vant, je veux vous raconter comment on y arrive.

Il y a encore peu d’années, on mettait un mois à faire le trajet entre Drontheim et Hammerfest ; maintenant, grâce au bateau à vapeur dont le roi Bernadotte a doté le Finmark, on le fait en huit jours. Pour bien comprendre combien il est étonnant qu’un pareil voyage se fasse aussi rapidement, il faut jeter un coup d’œil sur la carte de Norwége et regarder cette longue côte qui borne la Norwége de Drontheim au cap Nord ; on voit la carte couverte de petites taches et de petits points noirs de différentes grosseurs. Ces petites taches de toutes formes sont d’innombrables îles, et les petits points noirs sont des milliers de rochers. En regardant une carte marine, où tous les écueils, même ceux cachés sous l’eau, sont indiqués, on a peine à imaginer comment l’homme a pu parvenir à faire naviguer de gros navires dans des parages si dangereux.

C’était une téméraire entreprise autrefois d’aller de Drontheim à Hammerfest ; le voyage se faisait dans des barques de pêcheurs à peine pontées, on était exposé au froid, à la pluie glaciale, aux brouillards épais et malsains ; on avançait lentement et péniblement, luttant sans cesse contre des courants perfides et des coups de vents violents ; chaque soir il fallait aborder et se contenter du pauvre refuge de quelque saleur de morue pour passer la nuit. Maintenant, tout est bien changé : si on n’est pas trop accessible au mal de mer, on peut s’embarquer sans crainte ; le bateau à vapeur est solide, le capitaine instruit, le pilote habile ; on trouve à bord une nourriture convenable et des aménagements commodes.