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AU SPITZBERG.

francs) par personne ; il est vrai, que sur la porte de cette maison si durement hospitalière, on avait écrit pompeusement, ou plutôt ironiquement, ces mots : Hôtel du Nord.

Nous passâmes un jour à Tronsoë ; c’est beaucoup plus longtemps qu’il ne faut pour le savoir par cœur et avoir hâte de le quitter ; je me rembarquai donc volontiers, et le lendemain nous étions à Hammerfest.

Hammerfest est entre le 70° et le 71° de latitude nord, dans une petite île nommée Hwaloë (île de la Baleine). La ville n’est pas précisément au cap Nord, elle en est distante d’environ vingt lieues ; le cap Nord forme l’extrémité de l’île Mageroë (île Maigre), où il n’existe aucune habitation. Hammerfest, je vous l’ai dit, est la dernière ville du monde ; les maisons y sont en bois, comme dans tout le Nordland. La pierre abonde partout dans ces contrées ; mais nulle part on n’en bâtit les habitations ; la pierre ne résiste pas comme le bois aux froids rigoureux de ces latitudes ; elle se fend, se sépare, se désagrége même tout à fait à la longue ; il faut donc que les navires apportent à Hammerfest, outre toutes les denrées alimentaires, les bois de construction et le combustible. La ville, lorsqu’on arrive, ressemble assez à Tromsoë ; le port est circulaire, entouré de grands magasins qui, servant seulement d’entrepôts, sont sans fenêtres et ont d’énormes cadenas à toutes les portes : cela leur donne une grande ressemblance avec des prisons.

Le premier jour de mon arrivée, j’eus la surprise la plus complète que m’eût encore procurée mon