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VOYAGE D’UNE FEMME

et se trouve même parfois déshonoré par une dentelle de coton, qui rend celle qui le porte aussi fière que laide. Cette forme de coiffure est obtenue par un morceau de bois taillé en cimier, qu’elles posent sur leur tête avant de mettre leur bonnet. Ce cimier oblige l’étoffe à garder une forme martiale, qui fait de toutes les femmes laponnes autant de Minerves burlesques ; pour compléter cet ensemble et se distinguer des hommes, elles coupent leurs cheveux tout près de la tête, de sorte que, si elles semblent désagréables avec leur bonnet, elles deviennent affreuses quand elles l’ôtent. Quelques-unes entrecroisent sur leurs jambes des rubans de laine rouge qui de loin ont l’air de bas rouges ; toutes portent à leur côté un petit étui de peau contenant du fil, des ciseaux, et, ce qui est moins féminin, du tabac à fumer. Point de Laponne qui ne fume, hors la période de la première jeunesse, et cette habitude ne contribuait pas peu aux méprises que je faisais entre les deux sexes dans les premiers temps de mon séjour à Hammerfest. Il paraît que, l’hiver, c’est encore pire : hommes et femmes ajoutent alors au costume que je viens de décrire un dernier et ample vêtement à capuchon, fait de peaux de rennes dont on laisse le poil en dehors ; ainsi accoutrés, Lapons et Laponnes ne ressemblent plus qu’à de gros ours gris marchant sur leurs pattes de derrière.

Je m’aperçois que j’ai oublié le point essentiel du bagage des hommes, c’est-à-dire le sac de peau attaché au cou par deux lanières et reposant sur la poitrine entre la première et la seconde blouse ; ce sac représente à la fois leur arsenal, leur garde-man-