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VOYAGE D’UNE FEMME

que bientôt j’irais près du pôle, d’où elles viennent.

Ma promenade fut longue ; j’explorai complétement tout le plateau praticable dominant la côte ; en gagnant la maison Bank, je trouvai sur mon trajet un petit cap assez élevé, formé par un grand rocher au milieu duquel s’ouvrait une étroite grotte, ou plutôt une sorte de petite niche, où je me reposai commodément pendant une heure ; cette trouvaille était précieuse : elle me permettait, en m’assurant un abri, de venir à l’avenir me promener sans redouter les trop fréquentes averses du ciel d’Hammerfest. À partir de ce jour, je montai souvent jusqu’à cette espèce d’observatoire, et prenais plaisir à voir les barques entrer dans le port et en sortir. C’est pendant une de ces vigies volontaires que j’aperçus, en interrogeant l’horizon, la belle voilure d’un grand navire ; le navire approcha, et je distinguai bientôt le pavillon tricolore attaché à l’un de ses mats. C’était la Recherche, la corvette que nous attendions ! J’éprouvai à sa vue une émotion à laquelle je ne m’attendais pas ; je sentis frémir en moi toutes ces fibres profondes qui répondent au mot de patrie.

J’ignorais jusqu’aux noms de mes futurs compagnons de voyage : M. Gaimard seul, parmi eux, m’était connu. Cependant ce navire m’eut-il amené mes amis les plus chers, je ne l’eusse pas mieux accueilli dans mon cœur ; j’allais voir des visages français, entendre parler ma langue et quitter Hammerfest. Triple joie !

La corvette mouilla heureusement ; les officiers et les membres de la commission scientifique vin-