Page:Aunet - Voyage d’une femme au Spitzberg, 1872.pdf/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

latitude nord. Elle a soixante lieues de long sur environ trente-cinq de large. L’île a à peu près la forme d’une grande N dont le second jambage serait fort déchiqueté. Elle est ainsi entaillée par deux golfes très-longs, l’un au sud, l’autre au nord, qui n’ont jamais été assez profondément explorés pour qu’on sache s’il n’y a pas de solution de continuité entre les terres. Quelques marins sont portés à croire que le Spitzberg forme deux îles toujours soudées entre elles par un large banc de glace ; mais qui ira voir ?

Des expéditions hollandaises et anglaises, qui ont hiverné dans ces parages, ont tenté de s’assurer du fait et n’ont pu réussir.

La côte que nous avons longée, celle où est située la baie Madeleine, est la côte ouest ; elle fait face aux terres encore inexplorées du nord du Groënland.

La baie Madeleine est à l’extrémité de l’île ; c’est le dernier mouillage possible pour un gros navire ; sa latitude est de 80° nord, c’est-à-dire une distance de deux cent cinquante lieues du pôle, un peu plus loin que de Paris à Marseille.

Le dernier rocher du Spitzberg, celui qui fait directement face au pôle, se nomme la pointe d’Hakluyt ; il est séparé de la baie Madeleine par une quinzaine de lieues.

La baie Madeleine, avec le goulet qui la précède, représente assez bien une carafe couchée ; elle est entourée de tous côtés par des montagnes de granit hautes de quinze ou dix-huit cents pieds ; entre chaque montagne il s’est formé d’immenses glaciers dont la hauteur augmente chaque année ; cette élé-