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VOYAGE D’UNE FEMME

pêcha de voir à six pouces de distance, malgré la bonne grosse torche de résine que M. Crowe faisait porter devant moi. Cette excursion, comme vous voyez, manquait absolument de gaieté ; je regrettai beaucoup de l’avoir entreprise, mais je crus devoir à l’aimable hospitalité de mes hôtes de garder une contenance résignée. Pendant trois heures j’errai à travers un nombre infini d’escaliers inégaux, de pentes humides, d’échelles vacillantes, de voûtes basses et de galeries tortueuses à désespérer Thésée et son peloton. Enfin au moment où j’allais demander merci, je me retrouvai au grand air, mouillée jusqu’aux os, fatiguée à l’excès et à moitié asphyxiée par les exhalaisons du soufre. « Hélas ! pensai-je en regardant avec amour le ciel gris et brumeux, qui me fit alors l’effet de resplendir, il y a pourtant de pauvres gens dont la vie se passe dans ces abîmes où j’ai failli étouffer pour une promenade. »

Pendant ce malencontreux examen, M. Crowe prenait obligeamment la peine de me donner des explications, de suivre les filons, d’ouvrir les nouvelles voies, de diriger les eaux ; j’avoue n’avoir pas prêté grande attention à ses descriptions : je n’avais pas l’humeur à la géologie. Tout en écoutant fort mal, pressée que j’étais de sortir de ces voutes noires semblables à des défilés de l’enfer, je crois avoir compris cependant que la mine contenait, outre du cuivre, ou plutôt mêlés au cuivre, de l’arsenic, du cobalt, des morceaux de cristal de roche, du fer en assez grande proportion, de l’argent en petite quantité et des parcelles d’or pur.

Après avoir visité la montagne au dedans, je voulus