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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBENG.

fait vers le sud : nous le saluâmes comme un heureux augure, et chacun en cueillit une petite branche ; on ne prend pas avec plus d’empressement au bois de Boulogne la première aubépine annonçant le printemps. En calculant d’après nos journées de marche, nous devions être alors à peu près par le 69° de latitude nord. Il est curieux et attachant d’observer dans ce voyage la croissance progressive des plantes ; lorsque comme nous on vient de l’extrémité du monde où toute végétation cesse faute de soleil, on est surtout sensible à cette renaissance de la nature faisant chaque jour un progrès. Telle plante que nous avions vue quarante lieues plus au nord, maigre, chétive, rampant sur le sol humide, nous la revoyions, sur le bord de l’Alten, grande, forte, vivace et fleurie ; pour la diapensia et l’azalea laponnaise, la différence me fut surtout facile à constater ; les bouleaux n’étaient pas restés en arrière, et, après avoir eu d’abord l’aspect de cornes de rennes fichées en terre, ils avaient atteint au bout de quatre jours la hauteur de notre tente.

Le 7 septembre au soir, nous aperçûmes, se profilant sur un ciel clair, les maisons de bois de Kautokeino, la ville laponne. Je dis ville, en parlant de Kautokeino, et je ne sais s’il convient de lui faire cet honneur ; à proprement parler, Kautokeino n’est ni une ville, ni un bourg, ni même un village : c’est la seule agglomération d’habitations qu’on trouve au nord de la Laponie ; cela se compose de dix ou douze maisons de bois entourées d’une vingtaine de petites granges fermées. Ces petites granges, portées sur des pierres comme certains anciens bahuts, sont