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VOYAGE D’UNE FEMME

Turquie ; quand la Hollande colonisait les Indes tout en tenant tête à l’Espagne ?

Amsterdam conserve des traces visibles de son passé : les maisons du quai des Seigneurs, baignant leurs perrons de marbre dans l’eau du grand canal, ouvrant leurs larges fenêtres garnies de vitres roses sur de vastes salons tendus de damas des Indes, ont conservé un air opulent et une tournure hautaine qui rappellent les meilleurs temps de sa prospérité. Amsterdam représente encore une ville gaie, animée et pittoresque ; tout y est intéressant pour le voyageur ; mille objets y attirent et y récréent la vue. Chose rare maintenant, elle a une couleur à elle, un aspect particulier ; elle n’a pas pris la triste teinte de contrefaçon française de ses voisins de Belgique ; elle a encore des costumes, de vrais et sincères costumes nationaux. Les femmes des environs d’Amsterdam charment l’œil de l’artiste par leurs brillants ajustements et leur fraîcheur éclatante ; les Frisonnes, fidèles à leurs anciens usages, portent sur leur front des plaques d’or ou d’argent doré, richement travaillées, d’un effet piquant et bizarre, et l’on rencontre dans les rues les orphelins élevés par la charité publique vêtus de robes mi-partie grises et rouges, comme de vivants souvenirs du moyen âge.

Il faudrait passer deux mois dans une pareille ville : je n’ai pu, à mon grand regret, lui donner que deux jours. J’ai cependant vu le musée, en courant, comme toujours.

Ce musée, c’est stupéfiant ! On n’imagine pas une semblable réunion de perles ! Je vous fais grâce de mes descriptions de tableaux : d’autres plus dignes