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AU SPITZBERG.

fusils et s’en servent fort bien, mais ils n’aiment pas cette arme d’un entretien et d’un emploi difficiles au milieu de leur humidité. À propos de fourrures, il convient de vous faire remarquer que tous les animaux, à l’exception des rennes, deviennent blancs l’hiver dans toutes les régions boréales, et que tous, à l’exception des ours blancs, sont d’un gris plus ou moins roux l’été. L’hermine elle-même, cet emblème de blancheur, est grise durant l’été ; aussi ne la chasse-t-on qu’en hiver. On rencontre en Laponie une espèce de lièvre fort bonne à manger et meilleure à voir : ce sont des lièvres-hermines, d’un pelage plus blanc que la jolie bête si estimée chez nous, et ayant comme elle la queue entièrement noire. Ces lièvres charmants y ajoutent même des oreilles de même couleur du plus singulier effet. Ces animaux sont infiniment communs et leur fourrure a fort peu de valeur ; les Lapons en font grand usage ; ils en enveloppent les petits enfants qui ne marchent pas encore et en forment des couvertures excellentes contre le froid. J’achetai à Hammerfest, pour douze francs une douzaine de ces peaux, et cela serait la plus jolie et la moins chère des fourrures, si le peu de solidité du poil du lièvre ne la rendait d’un très-mauvais usage. Cet inconvénient l’empêche d’être répandue dans le commerce.

À Karesuando comme à Kautokeino, nous allâmes loger chez le pasteur. Celui-ci étant un pasteur fixe, nous le rencontrâmes chez lui ; j’en aurais pensé plus de bien s’il eut été absent. Ce pasteur, un nommé Laestadius, nous offrit un fâcheux mélange de prétentions savantes et de grossièreté rustique. Malgré